Michel Onfray et le comble de la mauvaise foi
Selon Sartre, le salaud intégral est celui qui sait qu’il est un salaud, et qui persiste et signe dans sa saloperie. Jacqueline Morne note en juillet 2008 : « Couramment, on dit de mauvaise foi celui qui, par amour-propre ou par intérêt, s’obstine contre toute évidence à soutenir qu’il a raison, alors qu’il sait pertinemment qu’il a tort. Sourd à l’argumentation rationnelle, il échafaude de fausses bonnes raisons, s’enfermant dans un système de défense absurde. Dans ce jeu du vrai et du faux, l’homme de mauvaise foi ne trompe personne, surtout pas lui-même. »
Michel Onfray, un salaud sartrien
Lorsque Sartre parle de « mauvaise foi », écrit encore Jacqueline Morne, « l’analyse est beaucoup plus complexe. Il explore sous ce terme les zones confuses dans lesquelles la conscience réussit à s’obscurcir elle-même, où, à la fois mystificatrice et mystifiée, elle parvient à se rendre dupe de son propre mensonge. De ces moments crépusculaires on ne peut trouver meilleure illustration que celle de l’émotion avec sa cohorte de désordres organiques : tremblements, pâleur, rougeur… »
Sartre, le (fils de) bourgeois courageux, authentique
Enfin, même si aujourd’hui on n’apprend plus rien aux Algériens et aux Français des deux rives de la Méditerranée, avant de citer l’entretien d’Yves Ansel, très rapidement ceci :
Jean-Paul Sartre est un écrivain et philosophe français qui aimait le homard à la sauce armoricaine. Il vécut entre 1905 et 1980. Il est l’auteur de la Nausée, récit publié aux éditions Gallimard en 1938 (après plusieurs refus.) Contrairement à Albert Camus, qui ne pouvait pas être plus clair en déclarant préférer, avant de se taire enfin, sa mère à l’indépendance de tout un peuple, l’Algérie, Sartre est connu pour avoir dénoncé vigoureusement la torture et soutenu, au péril de sa vie, l’indépendance de l’Algérie – son appartement, rue Bonaparte, fut plastiqué par l’OAS -, pour s’être opposé, à raison, à Albert Camus sur la « question algérienne », et pour avoir refusé le prix Nobel de littérature en 1964.
Camus, un Pied-noir colonialiste ordinaire
En 1994, le Nouvel Obs titrait en couverture : « Le triomphe d’Albert Camus. » Comme le rappelait Eric Pierre Michel, un dossier de plusieurs pages signé Jeanyves Guérin : « La revanche d’Albert Camus » est consacré à l’ex colon avec cette précision incroyable : « Son seul tort est d’avoir eu raison avant tout le monde. » On se demande bien sur quoi. Parce que Camus s’est éloigné du communisme avant les autres, il aura raison sur tout. C’est l’avis de Jeanyves Guérin. D’ailleurs, le contraire aurait été bien étonnant de la part de l’auteur du Dictionnaire d’Albert Camus qui, toute sa vie, n’a écrit que du bien sur l’auteur de l’Etranger. On ignore si Jeanyves Guérin est né en Algérie, lui aussi, mais on peut feuilleter son impressionnant CV de 33 pages avec émerveillement, où le nom de Camus y figure 112 fois.
Tout est là, écrit Eric Pierre Michel sur son blog : « dès 1994 [et la Une du Nouvel Obs], la messe est dite. Le raz-de-marée médiatique qui, en surface, a marqué le cinquantième anniversaire de la mort d’Albert Camus (4 janvier 2010) n’a rien ajouté ni retranché aux belles images pieuses mises en place dès les années 1990. Ce sont les mêmes rengaines, les mêmes phrases, les mêmes discours qui sont revenus, et qui, n’en doutons pas, vont revenir en 2013, pour la célébration du centième anniversaire de la naissance de l’écrivain. »
Extrait de l’entretien d’Yves Ansel sur le blog d’Eric Michel :
En un sens, sur ce sujet sensible, très douloureux, qu’est « la question algérienne» pour Camus, L’Etranger, roman publié en 1942, est on ne peut plus limpide. Sur une plage, un dimanche, un pied noir armé d’un revolver tire sur un Arabe (le mot propre, le mot « Algérien » n’apparaît pas) armé d’un couteau.
Meursault est jugé et condamné à mort, non pour le meurtre d’un homme, mais parce qu’il n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère, a fumé une cigarette devant son cercueil, etc. Dans quel ordre social une cigarette pèse-t-elle plus que le meurtre d’un homme ? Réponse : dans le système colonial où un colonisé ne vaut rien, est égal à zéro. Et c’est pourquoi, dans la seconde partie du roman, au cours du procès, jamais il n’est question du meurtre de l’Arabe, oublié, enterré, proprement néantisé.
Autrement dit, le roman traduit lumineusement l’inégal rapport de forces entre les colons et les colonisés, et le meurtre révèle brutalement l’antagonisme larvé, mais violent, entre les deux populations. Loin que la cause de l’assassinat soit le soleil (c’est l’explication avancée par le meurtrier, et rituellement reprise par la critique officielle), c’est la « haine » (le dernier mot du roman) qui arme la main de Meursault, lequel, quelque temps avant de tuer l’Arabe, avait déclaré à son ami : « Prends-le d’homme à homme et donne-moi ton revolver. Si l’autre intervient ou s’il tire son couteau, je le descendrai ».
Voilà des mots simples, des phrases univoques, et sans circonstances atténuantes. Quand, plus tard, l’Arabe tirera son couteau, Meursault fera ce qu’il a dit qu’il ferait, il le « descendra ».
Nous avons donc bien affaire à un meurtre annoncé, programmé, pas à un meurtre gratuit, involontaire, « absurde ». Et bien, aussi limpide et explicite que soit la lettre du roman, d’un commun accord, commentateurs et critiques ont choisi de se voiler la face, et c’est ainsi que depuis 1942, L’Etranger est un roman censé illustrer la philosophie de l’absurde.
Le coup de maître de Claude Askolovitch face à Michel Onfray
L’interprétation fallacieuse de Michel Onfray concernant la phrase de Camus
Les obsèques de Sartre
Kateb Yacine sur Camus
Michel Onfray ou la conversion d’un hédoniste en gredin de la pensée (2010)
Michel Onfray et le comble de la mauvaise foi
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bon son de bonsoir !
il est allé en algérie défendre son camus, son double auquel il s’est complètement identifié
ça prouve que le gouvernement algérien ne lit pas les livres de ce réhabilitateur de colon colonisateur
on aurait dû l’expulser ou lui interdire de venir comme ils l’ont fait avec enrico macias
Le nouvel obs ? Un refuge de pieds noirs et de fils de pieds noirs
Suis d’accord avec vous karim sarroub; sachez que les lecteurs ne sont pas dupes, algériens ou français
Les prises de position de Michel onfray donnent parfois la Nausée.
Cordialement
@ Milord,
« parfois » seulement ?
Selon le philosophe rigide, Freud serait un charltan parce qu’il a couché avec sa belle sœur!
Excellente la vidéo avec Claude Askolovitch
Parce qu’il « aurait » couché.
Bonsoir Karim, vous écrivez : « le salaud intégral est celui qui sait qu’il est un salaud, et qui persiste et signe dans sa saloperie »
et plus loin : « s’obstine contre toute évidence à soutenir qu’il a raison, alors qu’il sait pertinemment qu’il a tort. »
Voues-êtes sûr qu’il est si conscient que ça?
C’est pas mon avis.
Cet homme est une machine, une machine qui parle, qui fabrique des livres, qui a réponse à tout…
Sur un site d’un fan de Michel Onfray :
Cette semaine, Bernard Lehut donne la parole à L’ordre Libertaire sur RTL, le plaidoyer ardent à l’homme fidèle à son enfance, à ses origines. Etre fidèle à sa viscéralité.
– M.O. : D’abord, je ne lis pas les articles qui me sont consacrés, c’est une question d’hygiène. La presse pour moi,ça sert à faire la litière pour mon chat, et c’est à peu près tout. Mais il y a toujours des bons amis pour vous expliquer que machin a dit ceci, l’autre cela… J’aimerais plutôt qu’on puisse m’opposer des arguments.
– B.L. : Qu’est-ce qui fait la supériorité de Camus sur Sartre ?
– M.O. : Le fait qu’il ne se soit jamais trompé. Ca marche aussi pour les philosophes d’aujourd’hui. Regarder quel philosophe a le plus de sang sur les mains. Les idées ne sont pas que des idées, les idées font des morts.
« Le fait qu’il ne se soit jamais trompé ! » Il répète mot à mot la phrase de Jeanyves Guérin!
Ainsi donc, c’est en lisant la Une du Nouvel Obs en 1994 qu’il s’est décidé à pondre son Ordre Libertaire sur Camus ?
Michel Onfray avait lui même avoué avoir pondu son « affabulation freudienne » en lisant le Livre Noir de la psychanalyse.
A ce moment-là le Nouvel Obs avait également consacré un dossier et la Une du journal !
https://karimsarroub.com/2009/12/04/%E2%80%9Cfaut-il-en-finir-avec-la-psychanalyse-%E2%80%9D-se-demandait-le-nouvel-obs-en-2005/
kot kot kauuuu !
Le larbin des lacaniens s’exprime encore? Il est content de sa petite note de petit révolté? Pitoyable
en effet, et rappelons que Meursault avait tiré quatre fois sur l’Arabe, il n’expliquera jamais son geste…
Pour lui le coupable c’était le soleil !
A quoi sert Michel Onfray ?
http://www.voltairenet.org/A-quoi-sert-Michel-Onfray
michel onfray vient de dire que camus était dépressif; mais c’est lui qui est dépressif, c’est michel onfray qui l’a été et qui l’est toujours, beaucoup de gens savent ça;
il s’identifie complètement à camus, il est devenu camus…
si c’est vrai c’est pas bien de s’en prendre a un malade
Ainsi, le médiocrissime Onfray, dont on n’ose trop demander si ses propos relèvent du mensonge volontaire ou de l’ignorance crasse, se voit-il décrit comme un arriviste grotesque, cherchant à tout prix la reconnaissance médiatique, pour ne pas dire institutionnelle. Bothorel, qui l’engagea comme chroniqueur à la revue des deux mondes, se souvient ainsi de scènes plutôt hilarantes où perçait le Rastignac navrant : « Cet homme qui crachait, vomissait à plaisir sur les institutions et les gens qui s’y trouvaient logés, rêvait en réalité de médailles, de reconnaissance, de hochets. Il lui arrivait même de rêver de l’Académie française, comme il nous le confia un jour d’égarement. Nous avions cru qu’il plaisantait. Nenni. » [3] Comment expliquer, sans ce désir éperdu de gloire et de reconnaissance, cette omniprésence médiatique du personnage, de feu Culture et dépendances aux émissions sur France Culture, du Magazine littéraire au Nouvel Observateur, incessamment squattés par l’imposteur le plus célèbre de son temps ? Entendre Onfray prétendre – et répéter – qu’il n’est « nulle part » relève dès lors du comique le plus abouti, du comique involontaire d’un homme qui viendrait expliquer sur les plateaux télévisés qu’il est invisible. Si encore lui était acquise la subtilité d’un Sollers expliquant qu’il apparaît partout pour mieux se dissimuler…
Certes Bothorel joue sur du velours en s’en prenant à Michel Onfray, tant il est facile de rire des approximations, des erreurs et des aberrations que diffuse cet homme ; mais là où les analyses de Bothorel touchent à la subtilité, c’est lorsqu’elles remarquent qu’Onfray, fort de son point de vue prétendument critique, sombre dans la plus navrante des croyances naïves, lorsqu’il s’imagine que les croyants lisent au premier degré les textes sacrés ; en d’autres termes, Onfray semble croire que les chrétiens sont convaincus que Moïse a séparé les eaux de la mer rouge, que la Terre a été créée en six jours, et ainsi de suite. Cette extraordinaire naïveté d’Onfray a pour effet de lui faire écrire des ouvrages qu’il croit révolutionnaires pour éradiquer des croyances qui ont disparu depuis fort longtemps. Son rapport aux miracles frappe ainsi par son appréhension enfantine, que Bothorel résume en ces termes : « Il les prend pour argent comptant et les croyants, explique-t-il, seraient victimes de ces « fables ». Si la glose est obsolète, elle est surtout comique. Qui, en effet, fait encore une lecture au premier degré des textes bibliques ? Personne, pas même les grenouilles de bénitier. Personne excepté Michel Onfray dont, décidément, le premier degré est bien le niveau d’adoption. » [6] Bothorel pointe certainement la caractéristique la plus amusante d’Onfray, à savoir en effet cet inexpugnable premier degré qui le propulse au hit-parade du ridicule avec une persistance qui, reconnaissons-le, finit par forcer le respect. En conclusion, et selon la belle formule de Bothorel, « Michel Onfray est à la philosophie ce que Monoprix est au luxe.
http://www.editions-fayard.fr/livre/fayard-293985-chers-imposteurs-jean-bothorel.html
Merci de m’avoir remonté le moral
Oui karim sarroub, Sartre était authentique;
Les pseudos intellectuels d’aujourd’hui ne lui arriveront pas à la cheville
Cdt
vous écrivez :
« Camus, le Pied-noir colonisateur »
pour moi, pied-noir + colonisateur, c’est un pléonasme!
cdt
arabe +terroriste c’est un pléonasme ?amalgame ?
Bonjour Hadj….., C’est quoi un pléonasme ?
Mauvaise foi j’en vois partout: dans le texte du blogeur et dans la plupart des commentaires et non pas dans le discours de Michel Onfray. C’est si typiquement francais que d’injurier et attaquer quelqu’un dès qu’il dit quelque chose d’intelligent … jalousie, intolérance, y’en a marre, mûrissez un peu, et je tiens a vous dire que Michel Onfray est bien plus brillant que vous tous ensemble !!!
Bonjour Anonyme …, Soyez-vous même,le fanatisme à aussi ses défauts car vous le savez bien, l’erreur est humaine.
azerty.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/491959-michel-onfray-va-voter-blanc-29-d-abstention-et-la-democratie-alors.html
Michel Onfray, bien qu’athée affirmé, partage avec le pape le don d’infaillibilité et il distribue ses anathèmes comme des excommunications. Il fait partie de ceux qui se sont auto-attribués le droit de décerner des brevets de « vraie gauche » et, retrouvant les accents d’un communiste stalinien, pourfend le social-traître, pardon le social-libéral.
Il a un moment défendu « ce héraut de la démocratie authentique, du peuple véritable, d’authentiques positions de gauche », Jean-Luc Mélenchon, avant de s’apercevoir que le z’héraut en question disait des imbécillités sur la Chine et Castro.
Il fut ensuite un Montebourgeois convaincu « la vraie voix de gauche au sein même du Parti socialiste » !
Et maintenant, il prône le vote blanc… jusqu’au prochain revirement.
Souvenez-vous qu’en 2007, après avoir poussé la candidature Bové, il défendit celle de Besancenot. Souvent Onfray varie, bien fol est qui s’y fie !
http://deblog-notes.over-blog.com/article-michel-onfray-pourfend-le-social-liberal-hollande-86864169.html
As it relates to the first video; I must say that if you didn’t realize the fact that the host is a pseudo intellectual who doesn’t understand why many of his arguments are fallacious because his points of value are juxtaposed against a priori’s which are based on categorical imperatives and dogma. for example the notion that one shouldn’t speak ill of the dead or that it’s better to be left with a notion of Sartre and De Beauvoir untainted by the facts of their lives. I have been met with that kind of reasoning before and it’s almost always come from people who’s method of reasoning leads to the spurious and subjective notions of belief.
forgot to complete the sentence.
« I must say that if you didn’t realize the fact that the host is a pseudo intellectual who doesn’t understand why many of his arguments are fallacious because his points of value are juxtaposed against a priori’s which are based on categorical imperatives and dogma, then you will not understand why Onfray is correct and what he means when he expresses his ideas.. «
Exact; je suis d’accord avec vou
Mais vous connaissez beaucoup de pieds noirs qui voulaient le bien des Algériens ? (restitution des terres; partage des richesses) ???
Il n’y a que Michel Onfray qui croit à ça.
Le plus drôle, c’est que les colons d’hier sont devenus aujourd’hui les défenseurs des droits des Algériens et des sans papiers !!!!
Comme quoi, faut toujours aider l’autre à se socialiser!
donc même si j’en ai pas envie et si j’avais 10ans a l’époque je suis colonisateur tu me rend responsable des conneries de napoléon 3 alors que je le déteste alors toi le pèlerin tu es responsable de tout ce qu’a fait l’empire ottoman a fait
les colons d’hier sont morts et enterrés
Présenter Camus comme un colonisateur démontre une totale méconnaissance et de l’homme et de son oeuvre. Faut-il donc rappeler ses reportages dans Alger Républicain ( Misère de la Kabylie) à ce procureur borné ?
Ce texte suinte une haine qu’on n’ose qualifier d’absurde. La citation sur la « mère » est sciemment déformée (mauvaise foi ?). Et la lecture de L’étranger est des plus primaires.
donc en fait le satre vs Camus est vu entierement sous l’angle de l’independence d’algerie….. Reducteur, plutot minimal meme.
Bonsoir Karim Sarroub,
Seulement à propos de l’Etranger ?
La situation est similaire dans « La peste », roman dans lequel le Docteur Rieux, confronté à une épidémie de peste à Oran, ne décrit, ne soigne ni n’adresse la parole à aucun algérien musulman.
Dans « L’exil et le royaume », les nouvelles « Une femme adultère » et « L’hôte » décrivent une nouvelle fois les musulmans comme une menace. Cette analyse vise à étudier les relations complexes entretenues par le prix Nobel de littérature envers son pays d’origine, l’Algérie.
En effet, il n’a jamais été favorable à l’indépendance de ce pays, et son oeuvre romanesque est incapable d’exprimer la condition humaine des Algériens musulmans. Cette interview est un extrait du documentaire « Le regard de l’Autre » – L’imaginaire colonial de la France en Algérie – (1830-1962), un film de Mathieu Tuffreau (en cours de tournage).
D’un point de vue plus littéraire, les romans de Camus se déroulent la plupart du temps dans un cadre géographique algérien. Pourtant, la structure narrative s’entête à exclure systématiquement tous les Arabes. Si l’on se réfère uniquement à deux de ses romans les plus célèbres L’Etranger et La Peste, la constante de la non-présence d’un peuple (qui est pourtant majoritaire) est particulièrement significative. C’est bien un indigène que Meursault tue, mais un indigène sans nom, sans famille; figurant, sans aucune « densité » narrative. De même, les Arabes qui meurent à Oran dans La Peste, ne sont pas nommés non plus. Tous ces personnages affichent une « impassibilité muette » dans l’œuvre de Camus, un droit à la parole confisqué, la déshumanisation de tout un peuple.
D’autre part, le choix des lieux et des personnages revêt également son importance. Le recueil de nouvelles « l’Exil et le Royaume » met en scène dans la plupart des cas des exilés ayant un contact supérieur, fusionnel avec une terre non-européenne. Une terre maternelle, une terre possédée. « L’adultère » narre « l’aventure » d’une femme française qui, lors d’un moment de communion avec la terre algérienne, découvre « le centre obscur de son être », son identité de pied-noir. Ainsi, pour O’Brien, les romans de Camus constituent une « justification furtive ou inconsciente de la domination française ». Les institutions françaises dans le chaos Algérien, la représentation des problèmes de conscience français. Ainsi, ses écrits contribuent au façonnement, à la représentation d’une certaine Algérie – terre aride et déserte avant l’arrivée des Occidentaux -, au développement de toute une série de « structures d’attitudes et de références » dont le résultat, inconscient ou pas, n’est autre que de s’immiscer dans la culture et l’imaginaire collectif et de favoriser la mise en place d’un système colonial.
Jusqu’au bout Camus aura crut en une « communauté de destin », refusé l’idée de fractures et de « fossés artificiels ». Pour lui, le déracinement d’un million et demi de Français « installés depuis plusieurs générations et passionnément attachés à leur pays » ne peut constituer une alternative soutenable. Jusqu’au bout, il condamne le terrorisme de manière absolue, répudie l’idée de responsabilité collective appelant à la raison, côté arabe, à la justice, côté français. Il prétend stopper l’engrenage terreur/répression en redonnant aux indigènes des raisons de croire en un avenir meilleur, une égalité juridique. Les rêves camusiens d’une grande communauté sur le sol algérien traduisent la volonté d’approfondissement et de concrétisation du processus d’assimilation et son refus de considérer la simple présence coloniale française comme liberticide et humiliante. Finalement, Camus refusera jusqu’à sa mort de concéder une quelconque autonomie au peuple algérien, d’admettre qu’une présence française -si bienveillante fut-elle- est désormais incompatible avec la dignité.
http://www.internationalink.ch/culture/albert-camus-et-le-colonialisme/
Qu’est-ce qui fait que Camus bénéficie d’une aura sans pareille, d’une sorte d’immunité diplomatique qui fait de lui un auteur totem et tabou ? En France, il n’est jamais à l’ordre du jour de questionner les présupposés du journaliste de Combat, les cécités de l’auteur de L’Homme révolté ou de La Peste. Une fois pour toutes, il a été décidé que Camus était un juste, un philosophe extra-lucide, ayant toujours raison quand Sartre, lui, ne faisait qu’enchaîner les erreurs.
Que Camus ait été clairvoyant, qu’il ait été un homme loyal, courageux, et ardent défenseur de causes légitimes, c’est une vérité d’évidence, et il n’est nullement question de revenir ici sur les combats d’un intellectuel engagé, à bien des égards exemplaire. Mais sauf à verser dans l’image d’Epinal, dans l’hagiographie de rigueur dès que de Camus il s’agit, force est de constater un point aveugle, un angle mort dans la belle image du prix Nobel 1957 : la guerre d’Algérie.
Parce qu’Albert Camus est né en Algérie, parce que c’est un pied-noir qui a la mentalité, les idées propre à son milieu, l’auteur de L’Etranger n’a pas pu avoir, sur son pays natal, cette lucidité dont il fait preuve dans ses autres engagements. Il suffit de lire les textes pour se rendre compte des silences, des partis pris, des mensonges du journaliste et de l’essayiste, mais cette lecture, en France, n’est pas faite, en raison d’enjeux politiques qui rendent lecteurs et commentateurs totalement aveugles à ce qui, pourtant, devrait pouvoir se lire à livre ouvert.
La finalité de ce livre est donc d’en finir avec ce « daltonisme idéologique » (Sartre), de remettre les textes sous les yeux et de lire enfin ce que Camus dit de l’Algérie, ce qu’il écrit quand il écrit Noces ou L’Etranger, L’Hôte ou Le Premier Homme.
Le fil directeur de l’ouvrage, le cœur de l’analyse, c’est la lecture précise, rigoureuse, des écrits (chroniques journalistiques, essais, romans et nouvelles) de Camus qui traitent de l’Algérie. Au rebours des idées reçues, Yves Ansel montre que L’Etranger est moins la mise en œuvre de « la philosophie de l’absurde » que la traduction des relations violentes et inégales entre la population européenne et « les indigènes » dans l’Algérie française. Le meurtre sur la plage, ce n’est pas « à cause du soleil », mais à cause des frictions, des antagonismes entre colons et colonisés. Seul le contexte colonial rend compte du meurtre et du procès. Autrement, comment expliquer qu’un simple employé de bureau, qu’un vulgaire gratte-papier, qu’un « M. tout le monde » soit prêt à « descendre » un Arabe, exulte de joie à l’idée de tuer un indigène, et sache si bien se servir d’un revolver (même aveuglé par le soleil, il fait mouche du premier coup) ? Et comment expliquer qu’une tasse de café ou une coucherie d’une nuit pèsent plus lourd que le meurtre prémédité d’un homme dans le verdict final, sinon parce qu’un Arabe (Camus n’emploie jamais le mot propre, le mot « Algérien », mais utilise toujours le vocable usuel dans la langue coloniale) n’est rien, ne vaut rien, vaut infiniment moins qu’une…cigarette ? De même, comment justifier, dans un roman censé se passer à Oran, qu’il n’y ait aucun autochtone, aucune mosquée, juste une cathédrale (bien visible, elle) dans La Peste ?
Dans ses chroniques journalistes d’Alger républicain ou de Combat, Camus peut bien prendre la défense de « la masse arabe », peut bien soutenir qu’il faut donner la parole aux indigènes, ces mots restent lettre morte dans son œuvre. Qu’il s’agisse de Noces ou des autres essais qui ont pour cadre l’Algérie, qu’il s’agisse de La mort heureuse, de L’Etranger ou de La Femme infidèle, tous ces textes trahissent une mentalité coloniale, une pensée qui vide l’Algérie de ses habitants, qui néantise, élimine, raie « l’Arabe » de la carte. De Misère de la Kabylie ─ série d’articles (1939) qui, en dépit d’un appel à plus de justice envers les populations affamées et exploitées, adopte tacitement la perspective des vainqueurs, de la colonie ─ au Premier homme (publié après sa mort, en 1996), le regard de Camus ne varie pas. Dans l’autobiographie, spontanément, la colonisation est racontée du point de vue des colons. A lire Le Premier Homme, les étrangers qui, avec l’appui de l’armée et du fusil, envahissent et colonisent l’Algérie après 1830, sont des martyrs, de malheureux expatriés victimes de la misère, du climat, de la maladie et des méchants Arabes « absurdement » attachés à leurs lopins de terre !
Et c’est pourquoi la guerre d’Algérie, qui a forcé l’écrivain à préciser sa position, qui l’a contraint à dire explicitement qu’il ne concevait pas l’idée d’une Algérie indépendante, a été pour lui si douloureuse, si traumatisante. Autant il lui était facile d’exiger que pleine lumière soit faite sur « le socialisme réel, autant il lui était facile de stigmatiser les camps de concentration staliniens au risque de « désespérer Billancourt », autant il lui a été impossible de condamner la torture en Algérie (il ne l’a pas fait, il n’a pas signé la pétition en faveur du livre d’Henri Alleg, La Question, en 1958), le terrorisme de l’Etat français, la guerre coloniale, autant il lui a été difficile de désespérer Belcourt, d’être honnête, clair, lucide sur « la question algérienne ». C’est toute son œuvre qui porte la marque d’une idéologie impérialiste fondée sur le racisme, sur le présupposé que « certains hommes sont plus égaux que d’autres ».
Dans tout ce qu’il écrit, Albert Camus ne peut pas ne pas reproduire les lieux communs des discours officiels (lors des massacres de Sétif et de Guelma en mai 1945, le directeur de Combat se range « instinctivement » du côté de la répression et de sa phraséologie), ne peut pas se déprendre d’une vision du monde totalement imprégnée par les clichés, les préjugés et les cécités du discours colonial.
C’est cette face cachée, refoulée, de l’œuvre qu’Yves Ansel se propose de mettre au jour dans Albert Camus totem et tabou, ouvrage qui interroge la fabrique de la postérité ainsi que les manipulations et mensonges à l’œuvre dans les interprétations, et ouvrage qui propose une lecture précise, rigoureuse, vérifiable, des textes, de tous les textes qui tournent autour de « la question algérienne ». Et dans cette relecture attentive de tout le dossier, ce sont les romans (L’Etranger, La Peste), les nouvelles (La femme adultère, L’hôte) et l’autobiographie (Le Premier homme) qui en disent le plus, ce sont les fictions qui mentent le moins. Paradoxalement, si on veut vraiment savoir quelle relation Camus entretient avec « son » Algérie, ce ne sont donc pas les interviews où l’homme s’explique, et encore moins les Chroniques algériennes qu’il faut lire, mais les textes fictifs. Pourquoi ? Parce que ceux-ci font émerger ce que les chroniques journalistiques omettent délibérément, parce que les récits révèlent les dessous de l’Histoire que l’homme de parti (et donc de parti pris) qu’est Camus préfère taire. C’est ainsi que L’Etranger fait voler en éclats l’idée d’une Algérie de la coexistence pacifique entre colons et colonisés, cette idyllique pastorale que le journaliste se plaît à diffuser dans ses papiers de Combat ou de l’Express. De même, La Femme adultère révèle le racisme inhérent au colonialisme, tandis que Le Premier homme exhume les atrocités des guerres coloniales, des vérités que Camus se refuse à admettre, à considérer, à énoncer dans ses chroniques ou entretiens.
Et pourquoi s’intéresser plus particulièrement aux textes que hante « la question algérienne » ? Parce que, avant la déferlante de discours hagiographiques que ne va pas manquer de susciter la commémoration du centième anniversaire de la naissance de l’écrivain (né en 1913), il est nécessaire de revenir sur les interprétations reçues, sur les lectures qui ont été faites de L’Etranger ou des Chroniques algériennes, de La Peste ou de Noces. Parce que « la question algérienne », c’est surtout ce que la postérité refuse de regarder de face, évidemment, mais aussi parce que la colonisation, n’en déplaise à Jean Daniel, Alain Finkielkraut et autres commentateurs complaisants (monument d’érudition, la dernière édition des Œuvres complètes de Camus dans la Pléiade est aussi, et surtout, un monument de mauvaise foi), n’est nullement un problème mineur, n’est nullement un thème marginal, périphérique, mais un sujet central, vital, et que refouler « la question algérienne », c’est s’interdire de comprendre, de lire Camus, comme le prouvent assez les interprétations usuelles (absurdes, mensongères, mystifiantes) de Camus qui sortent très mal en point de la lecture littérale pratiquée par Yves Ansel. Ce n’est pas le moindre intérêt de ce livre que de montrer, concrètement, sur pièces, comment s’impose le consensus autour d’un écrivain, et quel rôle joue la critique universitaire dans le processus de « panthéonisation ».
I think you’ve just captured the asnwer perfectly
ouais, http://www.youtube.com/watch?v=aGQ7VKocUP
Autres affabulations & approximations de Michel Onfray.
Guillaume Mazeau :
« Avant même sa parution, le dernier livre écrit par Michel Onfray contre Freud a fait l’objet d’un violent débat. Beaucoup de bruit pour rien ? L’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco n’exagère-t-elle pas en peignant Onfray aux couleurs les plus sombres ?
Bien au contraire. Les dérives d’Onfray ne sont pas nouvelles et méritent d’être portées à la connaissance du public. »
http://www.marat-jean-paul.org/Site/Onfray_affabulation.html
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bjr karim sarroub, il y en a encore un qui est en accord avec mr Yves Ansel: c’est PIERRE NORA; son livre a été réédité, et ça montre bien que les langues se délient.
Vous êtes le premier à remarquer que «l’Etranger» est moins le roman de l’existentialisme que celui de l’Algérie.
J’avais en effet avancé l’hypothèse que Camus, à travers son héros, Meursault, qui tire sur un Arabe anonyme, exprimait, malgré son passé progressiste et généreux, l’inconscient collectif du Français d’Algérie. Sur ce point, Derrida était d’accord. Il avait le courage de défendre les positions de Camus qui, depuis le prix Nobel – «Je préfère ma mère à la justice» -, semblait basculer vers l’Algérie française.
a lire ici
http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20121219.OBS2948/pierre-nora-la-gauche-a-eu-du-mal-a-accepter-l-independance-de-l-algerie.html
ps: pauvre michel onfray qui n’a rien compris ni à Camus ni à l’algérie
« BEAUVOIR : LES PILLAGES ET LES DEFORMATIONS DE MICHEL ONFRAY »
(Ingrid Galster; Professeur de littératures romanes à la retraite, Université de Paderborn
(Allemagne)
Certains intellectuels affirment, non sans raison, qu’en critiquant Michel Onfray on fait encore sa publicité et le conforte dans le rôle qu’il s’est choisi: celui du démystificateur solitaire persécuté par la cohorte des faussaires de l’histoire.
Mais doit-on se taire quand on est directement concerné par les pillages et les déformations délibérées qu’il attribue aux autres? Voici l’honneur douteux dont je suis l’objet dans le t. 9 de sa « Contre-histoire de la philosophie » récemment paru. Il se réfère à un ouvrage que j’ai publié en 2007 chez Tallandier: Beauvoir dans tous ses états.
« Le livre d’Ingrid Galster aborde les questions qui fâchent. Ses conclusions relèvent de l’histoire et font s’effondrer une partie de la légende : Sartre et Beauvoir ne constituaient pas un couple modèle, elle ne fut pas la résistante qu’elle dit, elle est évincée de l’Éducation nationale pour lesbianisme avec une élève et non pour fait de résistance, elle travaille à Radio Vichy, elle n’a moins fait le féminisme qu’elle n’a été faite par lui, les publications posthumes ont écorné l’image pieuse fabriquée par le couple, etc. » (pp. 441-442)
Spécialiste de Sartre pour l’époque de l’Occupation et sous contrat chez un grand éditeur parisien pour une nouvelle biographie de Beauvoir que je n’ai finalement pas faite, j’ai creusé certains éléments de la vie et de l’oeuvre en les replaçant dans leurs contextes respectifs et en tenant compte de nouveaux documents apparus après la mort de Sartre et de Beauvoir. Il en est sorti parfois une image plus nuancée, plus complexe et plus étoffée que celle que l’on trouve dans l’autobiographie de Beauvoir, mais j’ai toujours pesé le pour et le contre et mes conclusions ne se réduisent aucunement à la version caricaturale qu’en donne Onfray.
Très souvent, il enfonce d’ailleurs des portes ouvertes. Quelle trouvaille, par exemple, que celle de Radio-Vichy puisque Beauvoir en parle elle-même dans La Force de l’âge ! Mon seul mérite était d’avoir déniché une partie des scénarios qu’elle a fournis à cette radio. J’explique aussi pourquoi elle a accepté ce travail et, là, Onfray s’exécute clairement en falsificateur pour faire correspondre l’histoire à ses propos paranoïaques. En effet, je prouve précisément, documents à l’appui, que Beauvoir n’était pas « évincée de l’Education nationale pour lesbianisme avec une élève ».
Il est vrai que la mère de son ancienne élève Nathalie Sorokine a porté plainte, en décembre 1941, contre Beauvoir pour incitation de mineure à la débauche (je reproduis le texte intégral de la plainte dans le livre en question). Mais l’enquête judiciaire qui s’ensuivit aboutit à un non-lieu et ne pouvait donc justifier l’exclusion de Beauvoir de la fonction publique.
En revanche, le recteur de l’Académie de Paris fit valoir face à Abel Bonnard que Beauvoir faisait lire à ses élèves Proust et Gide considérés par l’État de Vichy – faut-il le rappeler ? – comme mauvais maîtres pour « l’esprit de jouissance » émanant de leurs oeuvres qui, pensait-on, avait mené la France à la débâcle. On allégua qu’elle leur recommandait des visites à l’hôpital psychiatrique Saint-Anne, donc qu’elle les poussait à s’intéresser aux forces instinctives et à la démence, ce qui allait dans le même sens. On souligna ses conditions de vie : célibataire, elle n’avait pas de foyer, dormait à l’hôtel, travaillait au café et vivait en concubinage notoire. Bref, conclut le recteur qui, à la Libération, fut inculpé pour son zèle pétainiste : maintenir Beauvoir (et Sartre, qui ne fut pas inquiété) dans l’Enseignement secondaire, « à l’heure où la France aspire à la restauration de ses valeurs morales et familiales », était « inadmissible », et cela d’autant plus que, professeur de khâgne au lycée Camille-Sée, elle formait de futures éducatrices. Contrairement aux propos qu’Onfray m’attribue, l’exclusion de Beauvoir était une mesure d’épuration de la part de Vichy. Je le dis haut et fort dans mon livre en mentionnant la loi du 17 juillet 1940 créée par le gouvernement de Pétain pour faciliter l’élimination du service public de tous les fonctionnaires censés ne pas contribuer efficacement à la « rénovation nationale », loi qui est citée, entre autres, dans l’arrêté du 17 juin 1943 sanctionnant la révocation de Beauvoir. Relevée de ses fonctions pour un délit de moeurs, elle n’aurait d’ailleurs pas pu se faire réintégrer à la Libération, ce qui fut pourtant le cas. Beauvoir méprise délibérément les consignes de la Révolution Nationale. « Résistance » est un grand mot, mais c’était sans conteste une forme d’opposition, perçue, on l’a vu, comme telle par les autorités.
Elle n’a moins fait le féminisme qu’elle n’a été faite par lui, dirais-je encore, selon Onfray. Là aussi, il m’attribue une thèse que je n’ai pas soutenue. En travaillant sur Le Deuxième Sexe pour préparer un colloque à l’occasion du cinquantième anniversaire du livre en 1999 ainsi que sur l’histoire du féminisme français, j’ai découvert une sorte de navette de la théorie féministe entre la France et les États-Unis en cinq temps entre 1947 et 2000, navette dont se trouve une ébauche dans mon livre et qui constitue, selon Michelle Perrot, « un véritable chapitre de l’histoire intellectuelle à développer ».
Je soutiens, entre autres, que la plupart des féministes françaises des années 70 n’avaient pas lu Le Deuxième Sexe, propos d’ailleurs confirmé par Beauvoir elle-même qui militait avec elles: ces militantes étaient plutôt influencées par le féminisme nordaméricain qui était en avance, mais dont les protagonistes les plus en vue (Betty Friedan, Kate Millett) s’étaient inspirées, elles, du livre de Beauvoir, sans le signaler. Une fois établi en France, le féminisme a revendiqué Le Deuxième Sexe comme livre fondateur, comme bible. Il s’agit, comme souvent, de processus de réception et d’influences réciproques dont la dynamique compliquée n’intéresse pas Onfray mais dans lesquels il cherche exclusivement des éléments qu’il peut détourner pour son oeuvre « démystificatrice ».
Pour mener à bien cette oeuvre, il se sert, dans le cas de Beauvoir et de Sartre, le plus souvent des livres de Gilbert Joseph et de John Gerassi. Le premier a le mérite d’avoir découvert le dossier de l’affaire Sorokine aux archives de la Préfecture de Police, mais, historien amateur et ancien résistant du Vercors plein de ressentiment contre les intellectuels à l’égal d’Onfray, il est incapable d’interpréter les sources dans le contexte de Vichy: on a dit à juste titre qu’il adopte l’optique de la police des moeurs. Le second rend prétendument ses conversations avec Sartre en état brut. Quelle aubaine pour attraper Sartre en flagrant délit: il montre enfin son vrai visage! En comparant le texte publié avec les CD se trouvant à l’Université de Yale, on voit pourtant que les répliques de Sartre ne lui appartiennent pas, mais que c’est Gerassi qui les formule. J’ai eu l’occasion de le montrer dans la Neue Zürcher Zeitung et dans une revue historique espagnole, mais la publication de mon compte rendu en français est repoussée depuis un an par une revue parisienne.
Vu de l’étranger, on se demande bien quels sont les besoins de certains secteurs de la société française qui sont assouvis tous les ans à nouveau avec les produits de ce « philosophe » dans toutes les formes médiatiques, produits qui pullulent du reste d’erreurs factuelles. Le vrai scandale, c’est que Grasset publie cette charlatanerie, que des journalistes comme F.-O. Giesbert la défendent et que France Culture se prête à la diffuser tous les étés.
Bof ! Onfray montre justement, et c’est ce que savent bien les vrais résistants, que non seulement Sartre et sa gonzesse n’étaient pas des résistants, mais ont participé allègrement à l’esprit dogmatique et finalement fasciste. Du reste, s’ils avaient été « éclairés », ils auraient résisté réellement, et bien plus tôt. Au lieu de cela, ils n’ont eu de cesse de manquer de courage et d’encenser les pires régimes ayant existé au cours du 20è siècle. Des lumières ?…. Un couple à renvoyer aux oubliettes de l’histoire.
Pour un philosophe qui se prétend démocrate, libertaire, adepte de la libre expression et pour le débat, ça laisse à désirer !
Il a voulu rallier la foule à sa cause en jouant à la victime; heureusement que des gens se sont levées pour partir.
Michel Onfry dit ce que la foule veut entendre et ne supporte pas d’être contredit.
Michel Onfray demande au contraire à laisser la parole : « laissez les faire leur débat sans moi »
cette digression démontre que faute d’avoir accepté la société Française, les Arabes n’ont d’autre issue que que de retrouver l’environnement qui leur sied avec leur lecture antisémite et anti chrétienne d’un prophète pédophile, et surtout pas en France. Et que la gauche collaborationniste et ses soit disant intellectuels suivent, ils seront tellement plus heureux là-bas