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Deux morts. C’est le bilan, toujours officiel, de l’Etat français sur le nombre de victimes de la nuit du 17 octobre 1961.
A partir d’interviews de témoins et de protagonistes exprimant différents points de vue, de documents d’époque et de séquences tournées aujourd’hui, ce documentaire d’Agnès Denis et Mehdi Lallaoui, réalisé en 1991, tente d’éclaircir la violente répression qui s’est abattue sur les manifestants algériens le 17 octobre 1961, à Paris.
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Jacques Panijel n’était pas cinéaste. Biologiste et chercheur au CNRS, il avait créé avec Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz le Comité Maurice Audin, du nom de ce mathématicien torturé à mort par les services français en 1957. Dans un entretien à la revue Vacarmes, à l’été 2000, Jacques Panijel (aujourd’hui décédé) racontait le projet: «J’ai tourné à partir de la fin 61 et pendant six mois dans les bidonvilles et à la Goutte d’or. Sachant ce qu’avaient été ces journées, il fallait que je les fasse revivre à l’intérieur même du bidonville (…). Le film est conçu comme une tragédie en trois actes : avant, pendant, après : l’organisation et le départ de la manifestation que nous avons pu reconstituer, la manifestation racontée par des photographies, et les témoignages filmés après la manifestation. Il fallait retrouver des hommes qui avaient échappé de justesse à la mort ; retrouver des gens qui avaient été balancés à la Seine et s’en étaient sortis.»