La psychanalyse, en forme, par Nthalie Georges-Lambrichs
« Rien ne ressemble à une méprise comme la réalité. »
Mais qui s’est trompé ?
Jean Paulhan
par Nathalie Georges-Lambrichs
La vie est pleine de choses redoutables : c’est le titre de l’un des premiers livres de Jean Paulhan. Qui, mieux qu’un psychanalyste, ne le sait, quand c’est le choix d’un psychanalyste de ne pas passer à côté de ces choses, de les accueillir et de les traiter dans la parole, avec la parole, par la parole, sans ménager ou aménager la part de l’ombre, ni les maintenir, ces choses, sous le boisseau ?
De quelle nature ou de quel ordre peut donc être alors « la nécessité conclusive », qui fait la lettre de la Une de votre revue ? C’est la question qui informe chaque texte de ce numéro, qui a « précipité » grâce à quelques chocs, dont la visite que nous avons eu le bonheur de rendre à Pierre Soulages dans son atelier parisien n’est pas le moindre.
Conclure, décider et parier sont l’ordinaire de l’action lacanienne. Et parce qu’ils en sont l’ordinaire, l’ombre de cet ordinaire tend à en estomper les contours, à en ramollir les arêtes, tant la pente à jouir de l’inertie est insidieuse, pendant l’insoutenable légèreté de l’être qui fait qu’on pourrait (croire) s’éterniser en analyse. Fût-ce à passer à côté de sa vie, en mort-vivant.
Toujours l’analyste a à se réveiller, à s’accrocher au mât, à ne pas croire ce que l’analysant lui raconte pour ne pas oublier l’enjeu qui est la castration et sa dette, ou pire.
C’est contre le pire que les huit passants dont vous lirez ici les témoignages se sont arc-boutés dans leur cure ; ils en témoignent. L’analyste leur a été un appui, ils le démontrent. Chacun, à sa manière inimitable, met en lumière quelle devise de lui-même ignorée lui a fait la loi et mené la vie dure, même si toujours exquise, au moins en un point. Ces leçon de la passe sont autant de promesses, dont les analystes auront à cœur de faire cas.
« Il y a une rhétorique, si je puis dire, de l’objet de la psychanalyse », énonçait Jacques Lacan le 29 novembre 1967 dans son Séminaire intitulé « L’acte analytique. »
Une revue doit la véhiculer, cette rhétorique. Non la façonner, encore qu’il lui arrive d’en avoir l’ambition, mais, avant tout, contribuer à la faire affleurer ou saillir dans chaque contribution qu’elle recueille, et à la mettre en valeur, en résonance avec les autres, une fois choisie la leçon de « L’orientation lacanienne » qui donne à l’ensemble du numéro sa mémoire, son ton.
Alors, me diriez-vous, quelle solution de continuité entre une revue de psychanalyse et une revue tout court (de littérature, donc) ?
Pour en savoir plus, la revue vous donne rendez-vous au Salon de la revue à Paris, le samedi 16 octobre prochain, juste après le week-end des Journées d’automne de l’ECF à Paris. Pour y bien poser une question, vieille comme notre monde : Pourquoi écrire ?, elle a invité deux psychanalystes coauteurs d’un livre qui porte ce titre, à accueillir avec elle un écrivain, en compagnie de Quarto, l’autre revue de l’ECF et de quelques autres.
La littérature résiste à la psychanalyse. Ainsi Paulhan cite la princesse palatine : « Je n’aime pas les épinards, disait-elle, car si je les aimais j’en mangerais, et je ne peux pas les souffrir. » Quelques lignes plus loin, il veut dire son fait à Freud, « dégoûtant » d’avoir traité comme il l’a fait les rêves.
Eppure… et pourtant…
Nathalie Georges-Lambrichs est psychanalyste,
présidente des Psychologues Freudiens et membre
de l’Ecole de la Cause Freudienne
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