Le poète et dissident Taoufik Ben Brik, condamné à six mois de prison et incarcéré à la prison de Siliana (à 130 kms de Tunis) depuis le 29 octobre 2009 pour une prétendue affaire d’agression, n’est pas du tout sûr de sortir de prison. Sa libération, prévue pour le 25 avril prochain, risque d’être rallongée de plusieurs mois suite aux multiples agressions et provocations dont il fait l’objet en prison.
Sa famille, qui a pu le voir cette semaine, est très inquiète. Elle indique que des détenus, en échange de petits avantages promis par l’administration pénitentiaire, tentent de le pousser à commettre une faute qui entraînera inévitablement une prolongation de sa peine de plusieurs mois.
Il y a un an, Nicolas Sarkozy déclarait, à la surprise générale, que « l’espace des libertés progressait » en Tunisie. Et après la réélection truquée du dictateur tunisien, le chef de l’Etat du pays des droits de l’homme, a pris le téléphone pour le féliciter « sincèrement. »
Qqs repères clownesques sur Zine El Abidine Ben Ali :
1989 – 99,27% des voix
1994 – 99,90% des voix
1999 – 99,44% des voix
2004 – 94,48% des voix
2009 – 89,62% des voix
Chronologie des harcèlements du président Tunisien Zine el Abidine Ben Ali à l’encontre de la famille Ben Brik Zoghlami
1992 : Jalel ZOGHLAMI est recherché pour appartenance à un parti non reconnu, puis condamné à 11 mois de prison ferme.
1998 : GANZOUI (N°2 de la Dakhilya) propose à Taoufik Ben Brik l’arrêt de ses écrits en échange d’un titre de propriété sur un hôtel en Tunisie. Suite à son rejet de l’offre, la police monte une agression contre Taoufik Ben Brik (qui poursuit ses écrits dans la presse internationale) qui se solde par la fracture de son bras.
Mars 2000 : Plusieurs procès contre Taoufik Ben Brik, interdit de quitter Tunis, avec la possibilité d’une condamnation jusqu’à treize années d’emprisonnement.
Avril 2000 : Grève de la faim très médiatisée de Taoufik Ben Brik. Elle dure quarante deux jours.
Avril 2000 : Le 26, Jalel ZOGHLAMI est incarcéré durant dix neuf jours. Il est relâché sous la pression de l’opinion publique internationale.
Janvier 2001 : Le 26, l’Arc de la Dignité, journal créé par Jalel voit le jour.
Février 2001 : Tentative d’assassinat sur Jalel ZOGHLAMI. Il est agressé à l’aide d’une barre de fer et reçoit plusieurs coups sur la tête. Il s’ensuit une vague de protestations et de condamnations de la communauté internationale (en Algérie, en Egypte, au Maroc, le Quai d’Orsay, et le Parlement Européen.)
2004 Election présidentielle en Tunisie et cascade de procès de droits commun
Avril 2004 : Dépôt de plainte fictif d’un propriétaire de café à la solde du régime à l’encontre de Taoufik Ben Brik.
Juillet 2004 : Procès contre Jalel ZOGHLAMI suite à un dépôt de plainte fictif pour endommagement d’un véhicule de police.
Juillet 2004 : Pendant le procès contre Jalel ZOGHLAMI, Jalel, Fathi ZOGHLAMI, Saida ZOGHLAMI et Khmais MEJRI, beau-frère de Taoufik B. Brik, sont condamnés pour outrage à agent de l’ordre et à magistrat.
Octobre 2004 : Jalel ZOGHLAMI et Najib ZOGHLAMI sont arrêtés pour s’être défendu dans une tentative de lynchage publique orchestré par la Dakhilya.
Novembre 2004 : Procès à l’encontre de Taoufik B. Brik, Jalel ZOGHLAMI, Najib ZOGHLAMI, Fethi ZOGHLAMI, Saida ZOGHLAMI et son époux Khmeis MEJRI.
– Taoufik B. Brik est condamné à 6 mois de prison avec sursis
– Jalel ZOGHLAMI est condamné à 8 mois de prison ferme
– Najib ZOGHLAMI est condamné à 8 mois de prison ferme
– Fethi ZOGHLAMI est condamné à verser une amende
– Saida ZOGHLAMI est condamnée à verser une amende
– Khmeis MEJRI est condamné à verser une amende
Tous ces procès sont unanimement condamnés par la communauté internationale.
Octobre 2009 : Parce qu’il a couvert l’élection présidentielle en Tunisie dans les colonnes du Nouvel Obs, le procureur de la République ordonne l’emprisonnement de Taoufik Ben Brik grâce à une affaire montée de toute pièce.